RENCONTRE : Boris Bracq et Laurent Fortin, l’artisanat au service de l’intemporalité
20 avril 2020
# L'instant Dauzac

Le premier a l’automobile dans le sang, en héritage et en patronyme. Le second, quand il ne veille pas sur la direction de Château Dauzac, sillonne les routes médocaines les week-ends au volant d’une vieille demoiselle anglaise. Tous deux ont la passion du geste et de la transmission. Dans le vin comme dans l’automobile, ils perpétuent chacun un savoir-faire où le passé s’enrichit de la modernité. Rencontre entre deux artisans de l’intemporalité.

Bacalan, à quelques encablures de La Cité du Vin de Bordeaux. Dans une ruelle, une porte bleue de garage laisse entrevoir une immense calandre chromée années 60, surplombée de l’étoile la plus célèbre de la galaxie automobile… Bienvenue aux Ateliers Paul Bracq, un espace caché où Boris Bracq a fait de sa spécialité, le fait de redonner un nouveau souffle à des divas allemandes de l’époque sixties. Tout cela ne relève pas du hasard. Fils du designer réputé Paul Bracq, à qui l’on doit entre autres, les dessins de la Mercedes Pagode (la star des ateliers) lors de ses dix années de direction du design de la marque, avant de partir vers de nouvelles aventures (BMW, Peugeot), Boris est né au pays de la langue de Goethe et a gardé une nostalgie toute particulière pour le raffinement et la démesure de ces routières au grand cœur.

Çà et là les belles attendent sagement leur restauration, et c’est entre une 500 SEL et une 300 SE Automatic qu’il accueille Laurent Fortin par un lundi gris d’octobre. Évoquant leurs univers qui se rapprochent, le constat des deux hommes est le même, selon les mots de Laurent Fortin : « les mentalités évoluent, le vrai luxe c’est la personnalisation au service du savoir-faire »,  ce que confirme Boris Bracq en répondant qu’« il faut savoir mixer les choses pour faire de l’unique ». L’unique, le personnel, une direction vers laquelle tend Boris Bracq, « à côté de notre expertise reconnue sur ces autos, il y a de la place pour du sur-mesure en fonction des demandes des clients, Singer (le préparateur californien de Porsche 911) l’a tout à fait compris et réussi ! ».  

A l’approche d’une Pagode trônant sur un pont, il confesse à l’oreille de Laurent son nouveau projet : une version Pagode inédite, rallongée dans l’esprit d’un 2+2 italien. Fruit du coup de crayon de Bracq Père, ce coupé familial n’avait étonnamment jamais vu le jour, un challenge en cours de réalisation pour le tandem père-fils qui devrait être présenté prochainement à Rétromobile, et  semble avoir d’ores et déjà tapé dans l’œil du directeur général du cru margalais. Avant de pouvoir en prendre le volant il faudra naturellement laisser le temps au temps, dans le vin comme la restauration automobile il n’est d’excellence, sans patience…

Rédaction : Laurène Bigeau pour Millézine, édition 2020